lundi 28 mars 2016

La Lune Sombre de Molly Hall, about.com



Traduction et adaptation par Delphine Serpentine

A quel moment ?

Aussi connue comme la Lune Morte, c'est la période où il n'y a aucune réflexion solaire, laissant ainsi la lune dans l'obscurité. La Lune Sombre se produit sur les trois jours précédant l'apparition du nouveau croissant.

Est-ce la même que la Nouvelle Lune ?

Pour beaucoup, la Nouvelle Lune se produit lors de la conjonction Soleil-Lune, mais pour d'autres elle demeure la Lune Sombre jusqu'au nouveau croissant.
Comme la Lune décroît jusqu'à l'obscurité, le mouvement tend vers l'intériorité.
Dans ces moments contemplatifs, la réalité intérieure se manifeste par les rêves et des visions éveillées. La Nouvelle Lune est  un moment propice pour une conjuration d'intentions.
En quoi la Lune Sombre et la Nouvelle Lune diffèrent-elles ?
La phase sombre de la Lune est psychiquement le moment le plus puissant. Ce qui peut nous attirer vers notre soi le plus profond,  les désirs de notre âme et l'écoute incessante est une bonne manière de recevoir des messages.
Elle est comparée à la graine en dormance durant l'hiver ou au cocon du papillon. Vous pouvez vous sentir fatigué ou avoir une envie irrésistible de complète solitude.  Il est important de faire de la place pour l'extension de son âme à ce moment. Comme la mort elle-même, c'est une préparation au nouveau commencement débutant avec le croissant.


La Lune Sombre et le cycle féminin

Vous avez probablement entendu parler des Tentes Rouges de menstruation des cultures matriarcales et primitives. La Lune Sombre était un de ces moments où les femmes se rassemblaient pour tirer de la sagesse de la puissante énergie psychique du moment. Souvent les cycles des femmes s'accordaient – comme cela se produit lorsque des femmes vivent en communauté – et cela génère  une levée de pouvoir collectif.
Dans ces Tentes Rouges, les femmes partageaient des visions, des messages divins et s'ouvraient à une sagesse plus élevée.

La Lune Sombre et le deuil

A chaque fois que nous vivons une perte considérable, nous sommes profondément changés. C'est une des choses que donne la mort.
Cela est considéré comme étant une phase de Lune Sombre, et cela prend du temps pour pleinement intégrer cette expérience.
Parfois certains sont mal à l'aise, inquiets ou gênés par notre confusion, notre mélancolie, notre colère. Alors ils tentent de nous prévenir de ce qui gît au cœur de l'obscurité. Mais en regardant la nature, nous pouvons observer que tout meurt à un moment pour revenir à la vie sous une nouvelle forme. C'est simplement ça, il existe des instants où nous mourrons à notre ancien nous pour renaître à une nouvelle vie.

La Lune Sombre et les saisons

Durant le solstice d’Hiver, lorsque les jours sont courts (hémisphère nord), c'est une période pour rester à l'intérieur, créant ainsi un sentiment de cocon intime. Et c'est toujours une surprise de voir la nature reverdir, revenir à la vie après avoir été mise à nue. La croissance, à cette période, est souterraine, cachée mais puissante car elle forme la base, la racine.

La Lune Sombre, la vieillesse et la mort

Dans nos vies actuelles, il y a une phase de Lune Sombre dédiée à la fin, nous nous préparons alors à pénétrer dans le mystère de la mort. Souvent il se produit une convergence de souvenirs, nous donnant l'impression de courir après le temps. Tellement de traditions pensent que l'esprit poursuit sa route, mais vers où ? C'est la grande inconnue, et la période de la Lune Sombre nous donne de la foi, de l'espoir sur la nouvelle vie à venir. La Lune Sombre est associée au Monde Souterrain, un plan à part où les défunts et les « presque nés » sont ensembles.

Vivons-nous une phase de Lune Sombre ?

Dans son livre, Les Mystères de la Lune Sombre (Mysteries of the Dark Moon), Demetra George présente ce concept. Nous vivons sur une planète mourante dans le sens où sa forme change, du sol de la forêt à l'air qui l'entoure. Une des actions de la Lune Sombre est de briser les vieux systèmes, de les laisser tomber, puis d'aller vers une révision de notre façon de vivre, ce en quoi nous croyons et sur notre relation avec la nature. Les nouvelles graines ainsi seront plantées, mais il demeurera toujours une certaine incertitude, de la peur...de l'obscurité. Voir ce moment comme une Ère de Lune Sombre peut élargir la perspective avec de l'espoir pour un renouveau à venir.

Le pouvoir de l'Obscurité

La Lune Sombre est privée, intime, riche en renouveau et plein de profondeur. La Lune Décroissante est une période de lâcher-prise, vous êtes dépouillés de votre savoir, c'est un moment où vous êtes à nu ne sachant plus qui vous êtes. Cela peut ressembler à la mort, un étonnant mystère qui nous éveille pleinement à l'instant ultime. Que vient-il ensuite ? , nous demandons-nous.
J'ai trouvé que la Lune Sombre est la phase la plus puissant pour une introspection. Le Soi Intérieur grandit en puissance et se manifeste. Idéalement,  vous pouvez entendre, intégrer et poser des intentions qui vous apporteront de l'harmonie durant la Lune Croissante.
Immobilité est le mot-clef de la Lune Sombre. Reposante, riche solitude nous donnant une chance de capter notre voix intérieure. Avec la Lune dans l'obscurité, l'intuition psychique prend le dessus. Faites de l'espace pour aérer votre esprit afin d'être prête à recevoir.
Il y a une peur sans âge de l'obscurité et un déni de la mort. Mais c'est un fait incontournable de la nature, et si il est pris en compte, peut être vu comme le retour vers la terre avant le prochain renouveau. La Lune est associée aux femmes et à de nombreuses Déesses comme Hécate, Kali, Lilith, qui représentent son aspect sombre. La Lune Sombre nous rappelle le cycle naturel de morte et de renaissance. La tombe et la matrice deviennent des lieux identiques pour une transition quand nous sommes pris dans le mystère situé au-delà du monde physique.
Chaque  Lune Sombre est une chance de se renouveler, d'expérimenter l'inconnue et de gagner une sagesse sans âge. La Lune Sombre ouvre une porte sur le passé et guide vers la mémoire collective. Rendez ce moment sacré chaque mois, faites en un moment pour vous connecter aux grands mystères de la vie.

Source: C'est un article original dont les bases viennent des travaux de Vicki Noble, Demetra George, Judy Grahn, Starhawk et Elinor Gadon pour certaines.

Voici comment j'ai atteint la Déesse Sombre de Jane Meredith, Avalon Magazine n°1, 2011



Traduction et adaptation de Serpentine

Travailler avec la Déesse Sombre peut être difficile !

Il y a quelques années, bien que j’invoquais la Déesse Sombre à la fois pour moi et pour des rituels de groupe, bien que je Lui dédiais toutes sortes d'offrandes et que j'étudiais ses histoires et cherchais à voir le chemin qui menait à Elle, je sentais qu'Elle marchait auprès de moi. Peut-être est-ce Son rôle de nous rappeler que nous sommes poussières, que nous n'avons pas la main haute sur les Royaumes du Monde Souterrain, et que nous sommes dépouillés ensuite de tout ce que nous pensons détenir. Peu importe la leçon, je ne semblais pas trouver ma place dans tout cela.

Dans les rituels ou les ateliers, je tenais l'espace pendant que dix ou vingt femmes tissaient un dialogue avec la Déesse Sombre. Je pourrai témoigner, de ma position de retrait, de leurs larmes et de leurs peines, de leurs expériences réalisées, ou de la reconnaissance du pouvoir qui donne vie comme le printemps après l'hiver. A chaque fois, dans ma vie, quelque chose d'inattendue survenait. Une relation se brisant un jour avant un atelier, ou alors j'étais terriblement malade le matin. Il y avait toujours une crise énorme à gérer – et je ne le pouvais pas car je devais mener un rituel ou courir à un atelier- et je me sentais écartelée, et en lutte pour achever un travail. Je l'honorais encore et encore. Je m'humiliais même pour Elle et La prenais très au sérieux. Je parlais haut d'Elle, recommandant dans mes écrits et dans mon travail qu'il fallait comprendre que la Lumière n'est pas tout, que ce qu'il y a au-dessus et en-avant était limité en possibilités, que les plus grands trésors gisaient dans les endroits les plus sombres. Cependant la Déesse Sombre me talonnait sans cesse. Je ne pouvais voir de fin à cela, ou même avoir une pause, ou encore clarifier l'espace pour une relation entre Elle et moi.

Durant plusieurs années, je menais de nombreux rituels dédiés à la Déesse Sombre aux jardins du Puit du Calice à Glastonbury, GB. Après les heures d'ouverture, lorsque les portes étaient closes et que notre groupe de femmes se rassemblait avec des souhaits, des offrandes et le courage de L'appeler. Reconnaître Son pouvoir souterrain dans ce merveilleux cadre semblait très approprié et (je suis certaine que beaucoup d'autres personnes l'ont senti sur les terres de Glastonbury) il semblait que nous devenions un lien vivant tendu vers les temps anciens où l'obscurité était connue aussi intimement que la lumière et que les gens œuvraient et chantaient lors d'une cérémonie, en harmonie avec le pays.
A une occasion, nous avions créé un rituel progressif débutant au puit. Différents groupes de femmes occupaient les espaces : au puit, le long du ruisseau, aux porte, au bassin. Et à chaque étape, nous chantions et nous bénissions les unes les autres. Buvant l'eau ou laissant partir quelque chose. Une autre fois, nous étions rassemblées autour du puit, fredonnant et chantant durant un très long moment, transformant ce petit espace en paysage sonore dont le puit était le centre. Nous nous balancions et amplifions le son jusqu'à ce que nos voix s'élevèrent jusqu'à devenir des cris aigus se faisant écho encore et encore avant de faiblir et de s'adoucir à nouveau. Des personnes nous dirent plus tard qu'elles nous entendaient de la rue, par-delà les murs.

Le rituel-clef fut, pour moi, celui où nous progressions dans les jardins, du ruisseau au bassin jusqu'à la source. Il semblait que nous laissions des pans de nous-mêmes alors que nous avancions, et peut-être était-ce le cas. Quand nous atteignîmes le puit, nous nous préparions à faire les offrandes et, une par une, nous nous avancions. L'une s'agenouillait et déposait des fleurs, quelques baies à côté du puit, une autre s'avança et chuchota ses secrets dans les profondeurs du puit, d'autres pleuraient ou avaient le regard fixe, dans l'obscurité.

Quand ce fut mon tour, je m'avança lentement vers la grille couvrant l'entrée du puit. Je La sentais, je savais qu'Elle était là comme Elle l'avait toujours été dans ma vie, prête à se montrer et se balancer, prête à écraser tout ce que j'avais créé et tiré du sol sous mes pieds. Je me levai, toujours sur la grille du puit, et sentis l'obscurité sous moi, son immensité se tenant sous le petit puit des Jardins du Calice. C'était une caverne, un tunnel vers un endroit abyssal.

Alors que je me tenais sur cette grille, entourée de femmes et de fleurs d'été, une chose inattendue se produisit. Je n'abandonnais pas, ni énergétiquement ni d'une autre façon, sous Sa pression. Je l'aspirais en moi en fait – ou Elle fit de la place en moi d'une façon ou d'une autre- car soudainement je détenais Son pouvoir.  Il était dans mes mains, mon souffle, puis dans une impulsion, je L'ai sentie en moi. Dans cet instant d'intense puissance, j'ai levé mon pied droit aussi haut que possible, et avec une grande force, le poussais à travers cette énergie jusqu'à ce qu'il rencontre la grille à nouveau.

Assez, me suis-je dit, et je sentis que l'air autour de moi devenait différent.

J'avais attiré en moi puis expulsé l'énergie de la Déesse Sombre. Cela me laissant une impression d'accouchement. Malgré le peu de temps que cela dura, quelque chose avait changé. Nous n'étions pas sur un plan d'égalité. J'étais toujours un être humain et, Elle, la Déesse Sombre, mais j'avais été un réceptacle pour un instant et cela avait changé quelque chose. J'avais créé une place en moi pour Sa présence
Ce rituel fut une autre étape dans ma relation avec Elle.