vendredi 29 mai 2015

The Goddess Hekate de Stephen Ronan, partie 6 - Les Hordes d'Hécate de E. Rohde

Artiste : Louis Rhead

Section I
Hecate et les spectres hécatéens, Gorgyra, Gorgo, Mormolyke, Mormo, Baubo, Gello, Empousa, etc...

( Note de traduction : l'article qui suit est lui-même une annotation relevée dans un ouvrage. Il a été produit dans l'ouvrage Goddess Hekate pour sa richesse et l'originalité de son sujet. Une foule de références abrégées s'y trouvent et je ne peux, par manque d'habitude et de connaissances, vous les retranscrire. Je me suis donc attachée la plupart du temps à faire ressortir le texte.)

Hécate elle-même est décrite comme «  gorgô kai mormô kai mêmne kai polymorphé ».
Ainsi Hécate a le même nom que Gorgo, Mormo et Empouse. Baubo est aussi un de ses noms (Baubo est probablement identique à la « Baubô » mentionnée entre les autres « khthonioi » dans une inscription de Paros (voire les personnages masculins nommées Baubô, Babéis. Baubô peut difficilement être reliée étymologiquement au Baubôn déplaisamment familier dans Herond. ( bien que l'erreur fut répétée par Roscher, myth.lex.ii, 3025).
Personne n'a saisi comment un daimon femelle pouvait être nommée selon un « olisbos » mâle. La nature d'Hécate rend cela plus probable car elle est nommée « Ban », le bruit des chiens hurlant. Baubo, aussi, est le nom d'un gigantesque spectre nocturne. D'autre part ses « épikléseis » ou formes sous lesquelles Hécate, Gorgo, Mormo, etc, apparaissent, sont les noms d'esprits infernaux bien distincts.
« Gorgéra Akherontos gyné » dont « Gorgô » est probablement le diminutif d'un daimon ( elle est assimilée comme habitante de l'Hadès plus tôt dans l'Odyssée durant la « katabasis » d' Heraklés.).

Achéron, dont elle est la consort, a pu être considéré comme le seigneur du monde souterrain. Tout comme elle pu être la mère du dieu souterrain : dans Eschyle, Cassandre nomme Clytemnestre « thnonsan aidonmêtéra ». Dans cette phrase très frappante, il est impossible de comprendre « adon » dans son sens général, ou alors considérer la phrase entière comme une métaphore.
Pourquoi « mêtéra » en particulier ? Et, par dessus tout, quel est le propos sur Thnonsan ?  Clytemnestre, bien sûr, cela va sans dire, est appelée la « mère enragée d'Hadès », c'est-à-dire un démon femelle.
Excepté que ce à quoi elle est comparée, si la métaphore est prise en compte, est une véritable figure de légende.
De la même manière, en grec byzantin, « ton daimonon méter » est une tournure pour une femme méchante. En allemand aussi « la mère des démons » ou grand-mère, ou la femme ou la fiancé du démon ont souvent un sens métaphorique. Toutefois dans tous les cas, la comparaison invariablement implique l'existence de vraies figures légendaires auxquelles la comparaison se réfère. Et cela se répète souvent dans les folklore grec médiévale et moderne dans lesquels ces créatures apparaissent. Nous pouvons cependant conclure que le « thnonsa Aidon mêter » fut un visage de la légende grecque.

« Hades », dans ce contexte, ne peut être le dieu du monde souterrain, frère de Zeus et de Poséidon commun dans Homère et, en général, caractère courant en poèsie. Dans ce cas sa mère serait Rhea qui ne peut être identifiée à la « Thnonsa Aidon mêter ».
Dans les mythologies locales, il y a de nombreux dieux du monde souterrain dont chacun pourrait être nomms même vaguement « Aidés », nom générique pour ce type de divinité.
Toutefois la mère « enragée » du dieu du monde souterrain possède la plus indubitable ressemblance avec Hécate volant à travers la nuit sur les ailes du vent « psékhais nekéon méta Bakkhenonsa » ( Reiss la compare plus ou moins au «  chasseur d'Hadés »). Il semble presque qu'elles soient identiques : la légende locale pouvant très bien avoir fait d'Hécate la mère du dieu du monde souterrain (tout comme elle fut sœur d'Admète ou d'Eubule, donc d'Hadés). Si elle est identique à Mormo, elle devient ensuite la mère nourricière d'Achéron.
Ce titre est attribué à « Mormoléka Tithéné » d'Achéron dans Sophron.
« Mormo » est simplement la forme abrégée de Mormoleké comme Gorgo l'est de Gorgéra et aussi Mommô, et avec la métathèse de Mombro ( Mormol est mentionnée avec Lamia, Gorgô, Ephialtés, comme une créature légendaire.).
Mormo est également un pluriel : « ôsper mormonas paidaria » ( c'est-à-dire « errante », comme dans Hésiode, et comme les Erinyes dans symbolon pythagoricien, et le alastor, l'âme errante sans repos dont le nom dérive d'alastai.). A côté de cela, nous avons Ekatas qui est aussi un pluriel.

Mormô comme un croque-mitaine pour effrayer les enfants : « Mormô daknei ». Ainsi elle est la lamie monstrueuse enlevant les enfants. Quelques détails dans Friedländer (tel le surnom Lamô).
Mormo elle-même est nommée Lamia, « Mormons tês kai Lamias ». Avec Mormo, Lamia Gello est identifiée à un fantôme enlevant les enfants, fait déjà mentionné par Sappho.

Karko est un des noms de Lamia. Lamia qui est évidemment un nom général tandis que Mormo, Gello, Karko et même Empuse sont des Lamies particulières qui peuvent se fondre les unes dans les autres. Seules Morme et Gello coïncident, tout comme Gello et Empuse : « Gellô eidolon Emponséz » (Les empuses, lamies et mormolyces sont identiques).

Empuse, qui apparaît continuellement comme changeant de forme, est visible de nuit par les hommes mais est même plus souvent vue le midi ( comme l'Hécate de Lucian). Elle est, en fait, le daemonium meridianum connue par les écrivains chrétiens comme Diane. Pour les démons se manifestant à midi voir Rochhols (…).

Hécate pour autant qu'elle apparaisse comme une « eidolon » dans le monde d'en haut est identique à Empuse, tout comme Bordo, Gorgo, Mormo, ou encore Gello, Karko et Lamia (…). Ici, Hécate elle-même est décrite comme « un genre de lamie » qui est généralement considérée comme la mère de Scylla par Akousilaos, dans l'Eoiai hésiodique, et même il est expliqué dans le Krataiis homérique que c'est tout simplement Hécate. Le flou sur lecaractère et la confusion sur la personnalité est caractéristique à propos de ces fantômes et autres apparitions.

En réalité, les noms individuels ( dans quelques cas, les formes onomatopéiques suggérant la terreur.) sont originellement des appellations locales de fantômes. A force, tous suggèrent la même idée générale et sont cependant source de confusion. Au mieux, les plus connus d'entre eux sont identifiés à Hécate. Le monde souterrain et le royaume des fantômes est le foyer attitré de ces daimones féminins tout comme pour Hécate. La plupart d'entre eux, exception faite pour Empuse, cèdent en importance devant Hécate et sont relégués aux contes pour enfants.
Dans le cas de Gorgya (Gorgo) et Mormolyce (Mormo), le fait est clairement établi. Lamia et Gello arrachent les enfants mais aussi les « aorons » à cette vie, comme les autres daimones du monde souterrain : les Keres, les Harpies, les Erinyes et, également, Thanatos. Elles viennent vers la lumière, en provenance de leurs tanières souterraines (…). Empuse se manifeste sur terre à midi car c'est le moment où les sacrifices sont offerts aux défunts. Elle s'approche des offrandes faites aux créatures du monde d'en-dessous car elle en fait partie. (De la même façon le caractère chtonien des « seirenes » - très proches des Harpies- est démontré par le fait qu'elles surgissent au midi à l'instar d'Empuse et oppressent les dormeurs selon la démonologie populaire. (…)).

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