mardi 23 septembre 2014

The Goddess Hekate de Stephen Ronan, partie 1

Introduction
Traduction et adaptation par Serpentine



Bien qu'Hécate soit souvent perçue aujourd'hui comme l'archétype d'une déité lunaire triple, un aperçu de son histoire révèle une déesse plus complexe véhiculant de grands symbolismes.
Les origines d'Hécate ne se situent pas en Grèce mais en Asie Mineure, et plus particulièrement en Carie ( située dans le sud-ouest de la Turquie actuelle ) où la ville de Lagine fut le foyer le plus important de son culte.
En général, il est aussi accepté qu'elle n'était pas originellement une déesse lunaire, et que sa triple nature dérive, telle que Farnell a été le premier a le remarquer, non de la lune mais de son rôle en tant que Déesse des carrefours, c'est-à-dire la rencontre de trois chemins en Grèce Ancienne.

Les trois visages d'Hécate

L'ancien culte d'Hécate dégage trois principaux visages dans le temps.
En premier, ses origines en tant que Grande Déesse orientale dont il semble qu'elle ait des attributs autant solaires que lunaires. Ses caractéristiques troublantes sont moins évidentes. Cependant loin d'être absentes, elles ont peut-être été supprimés, effacés des sources, tout comme souvent dans le cas de l'aspect sombre d'Artémis.

Notre principal témoin de cette première période est Hésiode, auteur de la Théogonie, dans laquelle un hymne à la déesse lui alloue une position élevée sur tous les domaines.

Durant la seconde période, hellénistique, elle prend la caractéristique demeurant populaire depuis : déesse des fantômes, de la magie et de la lune.
Les textes les plus évocateurs à ce sujet sont les hymnes provenant des papyri magiques grecs.

La troisième période, le développement d'Hécate est remarquable. Par la grande influence des Oracles Chaldaïques dans les cercles païens de l'antiquité tardive, la représentation d'Hécate qui en découle devint la plus importante dans la religion païenne tardive. Durant cette période, ses attributs lunaires étaient marginalisés en faveur de son rôle de déesse de la force cosmique de vie et des vertus nourricières de l'âme.
L'image chaldéenne d'Hécate, soulignant ses aspects de Grande Déesse, rappelle sa nature originelle et semble provenir de traditions orientales préservant ses caractéristiques les plus anciennes.
Le matériel laissé sur l'Hécate chaldaïque présente un intérêt particulier car, d'une part, il appartient à une religion répandue et respectée et, d'autre part, il présente notre seule chance réelles de pénétrer dans les cultes à mystères.

Dès lors, il est naturel de s'interroger sur l'ensemble de l'image d'Hécate émergeant à travers ces différentes périodes. Certainement, à la fois dans les visions gréco-romaines et chaldaïques, elle est une divinité de protection, de destruction, de fécondité, de mort, tout comme A Billault l'a bien exprimé. Cela serait également valable dans la première période.

Expliquer les caractéristiques négatives d'Hécate n'a pas été difficile pour de nombreux érudits qui, depuis, pourraient être répertoriés dans la rubrique, justement nommée mais inutile, « superstition et irrationalisme ».
Plus récemment cependant des indices à propos d'érudits plus prudents avec les conclusions faciles et une récente étude sur Hécate ont souligné qu'elle n'est pas une divinité démoniaque mais une divinité de la liminalité assumant le rôle de guide pour ses dévots à travers les arcanes incertaines et dangereuses laissées par les vides des domaines du « sûr et certain ». Comme la naissance et la mort, et aussi, dans les royaumes physiques, les carrefours et les passages.

Le contenu de cet ouvrage


Le présent volume contient des réimpressions des matériaux les plus intéressants et utiles sur Hécate, aussi bien qu'une investigation originale de son rôle le plus important dans l'antiquité tardive que celui de déesse principale évoquée dans les Oracles Chaldaïques et les textes annexes.
Le livre est complété par des illustrations sur les diverses représentations d'Hécate.
Jetons un regard aux nombreuses contributions de cet ouvrage.

Commençons avec Hécate Magique de J.E. Lowe, extrait de « Magic in Greek and Latin litterature » (Oxford 1929), ch. Deities Ivoked by Magicians (i) Hekate. La contribution de Lowe est un bon travail récapitulatif sur l'image d'Hécate parmi les magiciens, à travers lequel le lecteur peut aller plus loin si il le souhaite avec des références à Hécate dans les papyri magiques grecs et dans l'index de « La Magie dans la poésie latine » (Paris 1976 ) de A.M. Tupet.
L'apport de Lowe est suivi du Culte d'Hécate et Hécate dans l'Art provenant de « The Cults of the Greek States » (Oxford 1896) de L.R. Farnell, vol II : chap XVI Hekate, et chap XIX Hekate : Representations in Art. L'étude de Farnell de la religion grecque est une pierre angulaire dans le domaine, dont les apports dans cet ouvrage font partis des meilleures premières études sur la déesse en anglais.
Vient ensuite Le Souper d'Hécate de K.F. Smith, une réimpression d'un article pareillement titré dans le second volume de l'encyclopédie monumentale et toujours valable de James Hastings : Encyclopedia of Religion and Ethics (Edinburgh 1937). Le Souper d'Hécate traite des offrandes mensuelles placées aux croisements pour apaiser Hécate et ses hôtes. Une récente discussion à ce sujet à fait l'objet d'un article de S.I. Johnston : Crossroads dans le Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, volume 88, pp 217-224 (Bonn 1991).
L'article de Smith sur le souper d'Hécate nous mène naturellement au sujet suivant que j'ai intitulé La Horde d'Hécate. La première partie porte sur Hécate et les spectres hécatéens : Gorgyre, Gorgo, Mormolyke, Mormo, Baubo, Gello, Empousa, etc. La seconde partie s'intéresse aux Hôtes d'Hécate. Ces deux sujets proviennent d'une traduction anglaise de la célèbre étude d' Erwin Rhode sur l'âme de la religion grecque ancienne : Psyche : The Cult of Souls and Beliefs in Immortality among the Greeks (London 1925), pp 590-595.
La section suivante est une sélection des quatre plus importants hymnes anciens à Hécate que j'ai nouvellement traduit pour cet ouvrage. Le premier des hymnes fut écrit par Proclus ( - V siècle ) qui fut un des derniers grands philosophes païens et chefs religieux. Le second hymne est orphique ( - I - -III s ? ) hérité du peu de littérature liturgique païenne non magique parvenue jusqu'à nous.
Le troisième hymne est un fragment issu de la pièce de Sophocle datant du V siècle. Et le dernier hymne provient des Papyri Magiques Grecs. Antérieur au – IV siècle, il souligne l'imagerie puissante autour d'Hécate dans ces textes, autant que les comparaisons intéressantes données relatives au symbolisme qui lui attribuait dans sa dernière période chaldaïque.
Je pense ne pas faire erreur en déclarant qu'il n'a pas eu de parution précédente concernant les traductions des hymnes de Proclus et Sophocle. Le lecteur voudra probablement comparer notre sélection à l'hymne d'Hésiode, traduit par Lowe, pp 13-14.
S'ensuit la partie principale de ce livre, Hécate chaldaïque, qui est dédié à l'exploration du symbolisme lié à Hécate durant la troisième et dernière période que nous avons abordée précédemment.

Ce livre est complété par une série d'illustrations d'assiettes, dont la plupart ont été dessinées par L. Petersen, « Die dreigestatltige Hekate », parties 1 et 2 dans Archäologisch-epigraphische Mittheilungen aus Osterreich-Ungarn, vol IV (1880) et V (1881). Les dessins 10 et 11 ont été exécutés par Laura Knobloch pour cet ouvrage.


Il reste une chose à dire sur la série Studies in Ancient Pagan and Christian Religion and Philosophy dont le présent est le premier volume. J'espère présenter ici un ensemble de matériaux réimprimés ainsi que des inédits. Se concentrant sur l'aspect religieux du paganisme tardif et en lien avec le christianisme primitif car il semble que ce domaine a été peu exploré et compris.

Il est temps, à ce point de l'introduction, ou préface ou que sais-je , d'amener une note plus humaine et aimable, afin de détourner la suspicion (probablement justifiée) que la somme de ce travail est celui d'un vieil auteur pédant sans humour. C'est une coutume à laquelle je me plie, et par là-même j'aimerai remercier ma chère épouse Laura pour son soutien affectueux et son amour, sans laquelle le monde serait plus triste et plus gris.
De façon moindre, mais non pas insignifiante, je remercie Basil le chat qui a réchauffé mes genoux, lors de ses méditations poilues, durant mes longues heures de labeur sur l'ordinateur.

Stephen Ronan
Hastings, septembre 1992.

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